« c’est pas les groupes qui sont sensés payer pour voir les punks mais les punks qui payent pour voir les groupes »

, par Steph

Parmi tous ceux-là qui lisent ce petit site, il y en a un bon pacson qui a déjà passé un temps disproportionné à aller écouter des groupes de musique eud’sauvaches dans des salles interlopes (c’est pas un gros mot) voire dans des festivaux undergrounde.

Parmi ce pacson, un bon lot, je suis prêt à le parier, s’est déjà perdu en conjectures, ou alors carrément énervé (soyons fous), à la vue d’abruti(e)s présents auxdits concerts ou festoches, et qui semblaient plus désireux de planter le concert et l’ambiance par leurs comportements de... comment dire... ben d’abruti(e)s, plutôt que de savourer l’ambiance. Ou alors c’est leur manière de la savourer, va savoir.

Parmi ce lot, issu du pacson de départ - suivez un peu, quoi ! - je suis sûr derechef qu’il en est des pas rares qui se sont demandés « mais comment font les organisateurs pour tenir le coup face à toutes ces conneries ? »

Il appert que parfois, les organisateurs ne tiennent pas le coup.

Un exemple ? En voilà un, bien frais, en provenance de la région toulousaine. Je laisse la parole à la madame de Label Brasseuse, qui organisAIT le Festivalstar :

"Salut à tous et à toutes
un mois et demi après le festivalstar 3 c’est l’heure du bilan je me ronge le cerveau et les ongles depuis tout ce temps, complètement dépitée par les conclusions auxquelles je suis arrivée et oui, car grâce au comportement consumériste d’une partie du public de
cette troisième édition, on s’est encore planté sur ce festival, et on arrête !
on arrête le Festivalstar
on arrête la production de vynils

petit rappel des faits
en 2006, avait lieu la première édition du Festivalstar à Terre Blanque, outre le fait qu’on s’était bien amusé, on s’était fait tiré toute la caisse du vendredi soir (environ 1000 euros) par un mec qui squattait à l’époque sur toulouse et qui s’est vanté plus tard au détour d’un tapis de caisse de supermarché d’avoir volé ces bourgeois-es du Clandé, sans doute le luxe inouïe de notre ancien squat préféré lui avait fait perdre la tête, rassurez-vous, le temps qu’on découvre qui il était, il avait fait bon usage de son petit magot (ses narines s’en souviennent encore) !

en 2007, on réitère l’aventure, toujours à Terre Blanque et là une tempête force noire nous pête à la gueule, donc moins de gens, plus de galères, on a encore perdu de l’argent sur ce coup là, mais on s’est bien amusé.

en 2008, on a pas fait de festival car on cherchait un nouveau lieu pour nous accueillir

en 2009, on était à l’Uzine à Graulhet et on s’est beaucoup moins amusé

petit rappel des faits :
 un site super, à l’uzine à graulhet
 une vingtaine de groupes de toute la france et de belgique étaient programmés
 la cantine Schmurtz nous a régalé de ces petits plats vegan à prix libre
 l’entrée était à 9 euros les deux jours dont 3 euros d’adhésion à l’association l’ACAC de l’Uzine qui nous accueillait, ça fait trois euros par soir plus l’adhésion pour une moyenne de 7 à 9 groupes par soir ! si on divise, ça fait moins de 0.50 cent par groupe
 la bière, ah la bière, une pils belge honorable servie à la pression dans des gobelets de 33cl (et pas 25cl comme souvent, je dis ça pour celles et ceux qu’avaient pas remarqué mais qui ce sont pas gênés pour râler) à 2 euros le godets, presque au même prix qu’en Belgique dans un bar et même pas coupé avec de la flotte : trop cher ! trop trop che r !

BILAN : on s’est planté au bar et ça c’est un truc de dingue : à savoir qu’aux précédentes éditions du Festivalstar on avait tombé 20 fûts la première année et plus 25 fûts la seconde pour un nombre de gens présents au festival équivalent, et là : 8 fûts, autant qu’une bonne soirée aux Pavillons Sauvages.

bah, les taquins me diront que c’est à cause de la crise !

et bizarrement, au regard du volume de cannettes et de bouteilles en verre qu’on a dû évacuer les deux soirs, c’était pas la crise pour tout le monde, et surtout pas pour les supermarchés aux alentours.... que les gens ramènent de la picole c’est normal, on ne vend pas d’alcool fort et puis le pack en plus dans la voiture c’est convivial, qu’ils/elles en ramènent tellement qu’ils/elles n’ont pas eu à mettre les pieds au bar, ça craint.

c’est sur le bar qu’on avait prévu de défrayer les groupes (puisque l’entrée était pas suffisante), des groupes qui je le rappelle venaient de loin pour la plupart, et j’ai honte de n’avoir pu donner que 80euros aux René Binamé, pourtant ils vous ont fait un beau concert, vous avez eu l’air d’apprécier.

Comme dit Alex du Tapette fest « c’est pas les groupes qui sont sensés payer pour voir les punks mais les punks qui payent pour voir les groupes »

Donc merci à toi si tu te reconnais, tu nous a permis de nous planter financièrement une fois de plus et de décider d’arrêter.

Merci à celles et ceux qui fustigent contre le cacapitalisme et qui ont reproduit comme des cons exactement les mêmes comportements de consommateurs qu’ils/elles critiquent avec tant de véhémence.

Merci à celles et ceux qui ont piqué dans les bières destinés aux groupes et à l’équipe.

Merci à celles et ceux qui ont râlé sur le prix d’entrée et qui n’ont pas mis les pieds au bar.

Vous n’étiez pourtant pas en train d’entuber Virgin ou le Bikini ou Première Pression, des structures qui se font du pognon sur le public en programmant des groupes de merde, mais bien Alexandra et Nico et Hervé et tous les copains-copines du Label Brasseuse et les gens de l’Uzine, ces grosses enflures de capitalistes qui se sont fait chier à vous organiser un beau festival, qui ont mit de l’énergie, du temps (beaucoup) et de l’argent pour vous accueillir du mieux possible, ces gros niais qui croivent encore au DIY et qui font jouer des groupes merveilleux à des prix accessibles à tous et à toutes.

Merci enfin à ceux qui ne donnent jamais rien aux prix libre ou si peu, les organisateurs de concerts ne sont pas postés derrière une table à l’entrée pour taper la manche mais bien pour défrayer les groupes et c’est quoi 2 ou 3 euros pour une soirée, c’est trop facile de se dédouaner en pensant que quelqu’un/e aura mit suffisamment et que ça équilibrera avec sa propre radinerie.

Un grand merci à celles et ceux qui par tous ces comportements de merde plombent la « scène DIY » de l’intérieur et qui épuisent et appauvrissent les organisateurs car perdre de l’ argent semble être la règle dans les concerts toulousains (demandez à Matt, Thomas X-Or ou Philippe d’ Avis combien de fois ils ont réussi à arriver à zero, c’est rare, ils en sont trop souvent de leur poche et en bout de ligne c’est soit les groupes soit les organisateurs qui en pâtissent).

Alors j’espère que vous vous êtes bien amusé au FESTIVALSTAR OH ! LOWCOST parce que nous non et que c’était le dernier comme ça.

et un vrai MERCI aux groupes, on vous aime !!!! et on continuera à vous accueillir du mieux qu’on peut avec nos petits moyens et notre amitié."

Label Brasseuse

Texte trouvé grâce à l’excellent coinxxxcoin alias Int’l Punk Hardcore