Vous r’prendrez bien un peu d’lutte des classes ?

, par Steph

On a toujours su que les anars étaient des terroristes.
Des tueurs patentés avides de chair fraiche, grasse et bourgeoise. Tous les sympathisants ou proches d’une quelconque forme d’anarchisme, d’ultra-gauche ou des milieux contestataires comme on dit, sont des assassins en puissance, des collaborateurs de l’immonde bête. Ce n’est pas Brel, Brassens, Ferré, Camus, Dostoïevski, Tolstoï, Breton, Debord, Vaneigem, Bourdieu, en vrac comme ça me vient et j’en passe, qui me contrediront. Tous autant qu’ils sont auraient mérité ou méritent le bucher, de près ou de loin. Toute dissidence doit être écrasée comme une larve sous la talonnette de Nicolas le Petit [1].
Il suffit de lire les propos, les articles, les œuvres des sus-nommés pour cerner à quel point est vile et infâme la contestation. Protéiforme, elle s’installe insidieusement telle une fouine aux confins de nos bibliothèques, endoctrine nos chères têtes blondes, lessive les cerveaux de nos chers bambins.
Pire ! Elle est si veule et si retorse que même ceux qui n’ont jamais lu une ligne de ces inepties sont touchés par le mal. Elle ronge nos banlieues, contamine nos classes moyennes, finit parfois par éveiller chez quelques bons fils de bourgeois les idéaux humanistes que le réflexe d’hyper-consommation avait, semble-t-il, fini par étouffer. Les Humanistes... ces droits-de-l’hommistes comme on devrait les appeler ! Ces gens qui prônent comme valeurs absolues la Liberté, l’Egalité, parlent de droits inaliénables... un peu de pragmatisme bon sang ! Un peu de réalisme que diable ! Les droits de l’homme s’arrêtent là où commence mon droit de profiter sur le dos des autres !

Bref, trêve d’ironie. On était habitué à ce qu’en temps de paix, les Nôtres paient le prix fort de la ségrégation et de la déshumanisation (en tant de guerre c’était « au front et fissa ») : arrestation arbitraire, délit de sale gueule (surtout si elle est un peu maghrébine), enchristage pour portière de luxe rayée, balle perdue à bout portant... des trucs du genre, avec émeutes à la clé et tout le tralala...
voilà ti pas qu’ils s’attaquent à NOS bourgeois à NOUS ! Je veux dire de ceux dans notre camp ! Ben là, ça va plus, là !! Avant quand t’étais un peu basané, de gauche ou pas, rebelle ou pas tu craignais. Rebelle, pauvre ET basané t’étais sûr d’en prendre pour ton matricule sévère. Voilà que les autorités craignent aussi les catégories socio-professionnelles du dessus de la fange, pourtant presqu’aussi blanches que les fesses d’un bureaucrate ??!!
Ben mon colon, les temps changent...! Ca sent le roussi chez les roussins ?
Serait-ce le retour de la lutte des classes qui leur ferait peur ?! Vaste blague. Enfin... oui et non. Elle a lieu la lutte des classes et encore une fois [2], ce n’est pas des « trotsko-Halimistes » qui le disent mais Warren Buffett, l’homme le plus riche du monde. Sa phrase illustre le bouquin de François Ruffin « La guerre des classes » (Fayard) [3]. Warren Buffett déclare : « La guerre des classes existe, c’est un fait, mais c’est la mienne, la classe des riches, qui mène cette guerre, et nous sommes en train de la remporter ».

Voilà. Si nous avons oublié qui nous sommes et dans quel camps nous sommes, eux le savent, l’ont toujours su, ne l’ont jamais oublié.