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« Abstinence - Chômage & Dépression »
EP 4 titres

, par PA

D’abord peu enthousiasmé par le punk rock "77" français, j’ai un jour (printemps 2000) pris une claque en découvrant tardivement Bulldozer (le premier album, de 1978). Depuis je regarde un peu plus, quoique cycliquement, ce qu’il se fait dans le genre en Hexagone. J’oublie ainsi un peu mes préjugés, car si je n’ai pas souvent l’impression d’être en phase sociale et politique avec la plupart d’entre eux, musicalement j’accroche vraiment, mais uniquement, quand un son dépouillé sait sublimer des airs efficaces (avouons-le ce n’est tout de même pas si courant). On s’en fout d’ma vie, tu m’diras. C’était histoire d’introduire que de petites perles apparaissent parfois là où on ne les attend pas et qu’il ne faut pas attendre pour les découvrir. Et en voici une.
Un retour de presque 40 ans... tu veux que je répète ? Presque 40 ans !! Ouais presque 40 ans en arrière sans que ça fasse rock à pépé ! Sans que la recherche éperdue de vitesse ne vienne gâcher ce zeste de désespérance et de vieux chewing-gum collé aux basques.
2 titres sur 4 sont en anglais (la dernière, You have to go (aka Yahourt punk), montre à quel point ces gens ont le sens de la dérision) et si tout tient la route, ce sont définitivement les 2 autres, en français, qui font vraiment mouche : le chant mixte et les textes s’y marient génialement bien, c’est fluide, c’est bien torché. En un mot : c’est bon !
Rien que le titre de ce disque devrait vous tenter.
D’ailleurs pour vous convaincre, citation : « j’me suis perdue dans mon vomi / Toutes mes angoisses j’ai dégueulées / j’ai combattu mon insomnie / Voilà pourquoi j’me suis buttée ». Moi, rien que pour ces quelques paroles de « Enterre-toi vivant », je suis à bloc !

L’ambiance c’est du 77 (t’avais compris, j’espère), dépouillé comme il faut, avec un grain de guitare à la The Kids, un voix masculine saturée, une sauce garage qui sied au genre. Ces toulousains sont bien inspirés.
Bon, le EP à 7,5€ port inclus, même avec les fichiers numériques en sus... ça commence à faire, d’autant qu’il n’y a même pas un insert avec les paroles ! J’vais finir par braire : v’là que la galette de pétrole devient un luxe de p’tit bourge et que le numérique s’achète au prix libre...
Pour le son, allez voir aux adresses ci-dessous, mais s’il devait rester une chanson, j’écouterais en boucle « Parano song », sombre à souhait et particulièrement bien ficelée.

Et avec ça ? Qu’est-ce qu’on boit ?
Une bière non filtrée, à la levure bien présente, qui évoque autant le caractère que la finesse, aux subtiles arômes d’agrumes et de houblon. Une bière de printemps, saison où le sauvage endormi se réveille : une Cuvée des Jonquilles ! Une de mes préférées.


Pour du son et/ou du numérique : le bandecrampe du groupe.
Pour un support vinylique et du numérique : le bandecrampe du label Juvenile Delinquent.