Tillbaka från graven

, par PA

 2 ans ! Ah putain, 2 ans sans une chronique, rien, rideau.

 Une éternité.

 Oh, pas pour le vieillard, qui, recroquevillé sur ses souvenirs, voûté par les ans, attend son tour sur les bancs des cimetières, contemplant les tombes de ses amis partis, il se demande encore pourquoi il s’accroche tant à la vie, à la douleur et à l’ennui, mais bien une éternité pour le pressé, le quidam, le connecté, le twitté (comme nous ôtes)... qui cultive l’instantanéité, fuite en avant perpétuelle, course sans fin vers nulle part.

 Tant de choses se passent en quelques années. Les zines, les groupes, les blogs, les comptes « sociaux » disparaissent, d’autres naissent et dans ce « long silence de la communication » (comme chantaient les Zabriskie Point) ceux qui finissent par la boucler sont aussitôt oubliés, ceux qui continuent de se la ramener ne sont pas écoutés.

 Il y a un peu moins de 20 ans un copain écrivait dans sa feuille d’infos que « la scène » (punk hardcore, DIY, no profit) se ghettoisait. Dans son petit monde de professionnels de l’amateurisme, chacun jouait pour lui-même et ses copains, toisant le nouveau-venu suspect d’être un peu flic, méprisant le voisin suspect d’être forcément moins radical. Peu de choses ont changé car si les cycles et styles vont et viennent (plus politisés pendant une période, plus musicaux pendant d’autres, plus ou moins « hardcore », etc), l’ouverture des milieux eundèrgraounde réduite à peau de zob influence le beau monde qu’en matière vestimentaire. Chez ce dernier par contre, les problèmes de fond s’accélèrent, s’amplifient, s’aggravent, s’alourdissent. Quand des crétins s’exclamaient il y a 40 ans que ce monde n’avait aucun avenir, on riait d’eux. Une crise de plus pour démontrer qu’ils étaient loin d’avoir tort et, qu’en dépit de toutes les escroqueries des politicards, encore nombreux sont ceux prêts à leur donner un blanc-seing tous les 5 ans ! Avec, en filigrane, la cupidité valeur reine de la société. « Direction néant » garantie.

 À toujours agiter le chiffon brun de la menace des extrémismes il se pourrait bien que nos gras communicants (qui te disent quoi entendre et quoi penser, à la télé, la radio, dans les journaux, web ou non) ne sachent plus endormir les masses suffisamment pour qu’elles ne commettent la connerie de croire que la Sécu peut être sauvée par la blonde fille de son père, tous deux ralliés depuis peu aux causes de la fonction publique et de la défense de l’ouvrier. Un comble pour d’anciens poujadistes !

 Abruti à coups de pubs, de reality-shows et de vaine consommation, le monstre sous-cultivé serait devenu incontrôlable ? Attention, entendez par là uniquement « les pauvres », évidemment, les autres ne peuvent pas être soupçonnés d’être vils ou veules. Les p’tites gens vous emmerdent tas d’fumiers ! Pauvres éditocrates, pauvres débatteurs... pour leur défense, il faut bien le dire : le pauvre, le vrai, ne fait aucun effort, il n’a aucun journaliste influent comme pote de promo ! À moins de 2 000€/mois vous n’êtes pas un pion sur l’échiquier, vous n’êtes tout bonnement pas sur l’échiquier ! Sorte de blob informe capable de tout et sans doute du pire, notion vague et impalpable tour à tour courbe d’audience, ménagère, immigrée, ouvrière, chômeuse, smicarde, employée, banlieusarde, frontiste, inculte... parfois tout ça à la fois... toujours plus ou moins dangereuse. Bref, des gens qu’on connait pôs !

 Si nos élans libertaires nous poussent à toujours nous méfier d’un quelconque pouvoir ou d’une quelconque autorité, si nos avis d’anars mal lavés racontent avec raison que la sécurité sociale est un garde-fou au capitalisme, on n’oubliera pas que chauffés aux allocs (certes chichement), nous devons ce (de plus en plus) maigre garde-fou aux « Rouges » du Conseil National de la Résistance et de leurs actions d’après-guerre. On tentera, bien que l’histoire officielle les efface consciencieusement, de se souvenir des bénévoles qui distribuèrent les premiers papiers de remboursement après avoir monté, leur journée de boulot terminée, les murs des bureaux provisoires de ce qui deviendra la CPAM, ou encore du « ministre des travailleurs » Ambroise Croizat. Pour se rappeler, si jamais certains, en ces temps sombres, se chopaient des doutes (comme d’autres des morpions à l’époque où le poil était encore tendance), de « quel camps nous sommes ».

 Ce billet marque donc le retour en activité de ce qui fut un « vrai » fanzine et relai papier d’une émission de radio... il y a longtemps. Après 2 ans de picole intensive de pinard pas piqué, on remet le couvert. Notre petite participation au monde du rock’n roll maladivement conscient n’avait pas totalement cessé par le biais voire la procuration de Chpunk.org / Stéph (le tenancier), mais désormais on a le clavier qui redémange (alors on gratte un petit peu) et il est possible de le faire direct chez nous, sur Chpunk, à la maison, au chaud, sans Gogole & Cie.

 Comme évoqué précédemment, il est évident qu’un zine web arrêté est aussitôt placé aux oubliettes (surtout quand il a la forme d’un vieux blog merdique), d’autant que je ne ferai pas un grand battage autour de cette reprise, mais si quelques clampins viennent à trainer sur ces lignes et en approuvent un tant soit peu l’existence, un petit mot est toujours bienvenu.

 La cadence des chroniques demeurera, je peux vous le garantir, « excitingly irregular ».

 La bonne en tendeurs vous salue bien.