Au hasard du net : Ursut

, par PA

Mais qu’est-ce que je fous bordel d’une nouille !?
Comment ai-je pu jusqu’à présent passer à côté de Ursut !! Il y a même un ex-Kontrovers dans le lot (souvenez de leur morceau d’anthologie « Besviken På Allt » [« Déçu de tout »] sur leur album « När Spelreglerna Ändras » [« Quand les règles du jeu changent »]) !!
En plus ils viennent de Malmö !! À croire que la Suède a monté ses usines à crust-des-familles là-bas !!
J’arrête avec mes double points d’exclamation.

Il y a forcément les deux écoles en matière d’hardcore/punk/crust/machinchose :
 ceux qui préfèrent les sons crades, bien punk, finalement très DIY années 1980/début 90, ceux là se dirigeront plutôt vers le premier album, "Dårarnas paradis« ( »Paradis perdu« , de 2012) plus hardcorepunk ébouriffé dont le but inavoué est de fatiguer à mort le batteur. Et si ceux-là n’y trouvent pas leur compte question son des cavernes, je les renvois vers d’autres chroniques de groupes »à la" Disclose dans ces pages et qu’on me foute la paix ;
 ceux qui préfèrent les sons plus léchés et travaillés, qui se jetteront sur son successeur "Köp dig lycklig« ( »Achète ton bonheur« , daté de l’été 2016). Un album à la production qu’autrefois on aurait presque qualifiée de »death" (mais ça c’était avant... avant quoi en fait ? Entombed ?...) [donc davantage dans l’élan des Wolfbrigade, Disfear, Victims, Fredag 13e, etc...]. Bien épaisse (pas trop hein, z’ont pas rajouté de farine dans la sauce, non ! Une bonne sauce ne doit pas s’épaissir artificiellement, elle doit réduire à feu doux, surtout une sauce au vin !!) et foutrement stylée.

Mais comment feront les amateurs - que dis-je ? - les amoureux des deux genres (comme votre serviteur) qui auront leur petit cœur brisé par la difficulté de choisir entre ce premier jet, rapide, incisif, au son presque aigrelet, et son successeur.

Les deux ont les gueulantes égosillées (deux à trois selon les morceaux), les deux tabassent, évidemment y’a du dis-beat, évidemment c’est saucé métal (quelques lignes de gratte dès le premier font sentir l’étendue des influences en la matière), et les deux sont intégralement en suédois (merci ! Merci ! Merci ! Merci, nom d’un cul !!)... alors comment faire pour les départager ?
Mais mon bon ami, pourquoi vouloir les départager ? Prends donc un autre verre de ce petit Côtes du Lot qui ne paie pas de mine mais explose en bouche et prends ce que Ursut te donne : la possibilité de prendre une claque selon tes humeurs :
 la claque du poum-papoum / tchouca-tchouca, que pourrait aimer un chaos-punk bien plein ;
 la claque de l’élégamment violent. Oui dit comme ça, ça fait un peu « prout-prout » et c’est bien éloigné du style. Mais justement du style, il y a en a.

Certes.
Et les deux me plaisent, sans conteste.
Mais.
Car vous l’attendiez ce « mais », non ?
S’il fallait en garder qu’un, ce serait tout de même le second : la bourrinitude du premier mène après plusieurs écoutes, contrairement au petit frère plus complexe et structuré, à la lassitude. Ça gave. C’est bon un moment, quand t’es en crise, mais le second a tous les atouts : il sait ralentir, sait accélérer, sait taper juste et... du coup, on retient les morceaux. Car au final, c’est ça qu’on réclame d’un bon groupe : pondre des brulôts que l’on sait mé-mo-ri-ser.

Et quel bonheur de ne pas être pris pour un con ! Évoquer la nervosité avec un mid-tempo bien balancé et une troisième gueulante à la « Provoked » (le groupe ricain... fais tes recherches sur le web, l’album « Prepare to the cold » avec son mixage fait avec les pieds était pourtant une tuerie) est de toute bôôôté et finalement bien plus efficace qu’une rage mal maîtrisée (époustouflant « Det Fria Valet » [« le libre choix »]).
Un album tendu comme un string deux tailles en-dessous, qui sait commencer comme se terminer. Je dis : « Jeannie Longo ! » euh... non, « Bingo ! ».

Ursut, un groupe au poil ! (Ursut/hirsute/poil... drôle)

Site web : http://www.ursut.se/
Bandcamp : https://ursut.bandcamp.com/