ASTAKASK
Handen på hjärtat
LP/CD 11 titres

, par PA

 S’il fallait recommencer ce blog ce ne pouvait être qu’avec des vioques.

 Je vois clair dans votre regard consterné : « il ne va tout de même pas nous sortir des cinquantenaires autant obligés de contrôler leur cholestérol que vérifier l’imperméabilité de leur couche Confort ?! », voilà ce que vous vous dites ! Je vous répondrai qu’une Confort vaut bien une Pampers, et que c’est bien dans les vieux slips qu’on fait les plus belles traces de pneu. Astakask nous le prouve tout au long de ce nouvel album.

 Dès les premiers accords, on retrouve tout : le chant (oui, chant - surtout sur « Sista Brevet ») tout en suédois à la voix rocailleuse ni trafiquée ni poussive ; les chœurs ponctuant les refrains ; le style musical : un punk rock bien joué touffu sans excès, aux gimmicks de guitares et de basses (souvent virevoltante) toujours efficaces, alternant rapidité et mid-tempo, au jeu de batterie bien travaillé. Tout y est, j’te dis ! Les années 80 sur ta platine, mais avec un son de tueur.

 Bon, allez, si : disons du mal. Il manque parfois un peu de rapidité et l’agressivité des premiers skeuds (et même de celui de la reformation... déjà 7 ans). Définitivement. L’Astakask du XXIe siècle est plus mélodique et possède une production plus dense qu’avant, c’est clair. Mais jävla skit, on s’rait pas punk que j’dirais qu’c’est d’l’art tellement c’est bien fichu, boudu ! J’ai eu des moments de doute avant de balancer fermement dans le bon sens. Maintenant que j’apprécie ce disque de bout en bout, je peux le dire : les premières écoutes furent celles des critiques : trop chanté ici, pas assez rapide, trop de breaks-là... ça m’amenait à penser qu’on frôlait le kitsch sur deux ou trois chansons ! Sauf que chaque fois que l’on croit qu’ils vont sombrer, ça ne dure que quelques maigres secondes et surtout - surtout ! - ils ne sombrent pas  !! Et la chanson tient la route de bout en bout !

 On peut citer le break de « En annan Väg » qui fait peur sur l’instant, mais ne s’attarde pas et fait d’autant mieux cartonner la suite de la chanson, ou carrément « Död at er alla » qui tape dans le mélo bien mollasson et plafonne sur un tempo moyen : « Au début elle est froide et après elle est bonne », comme on dit chez moi. Car le refrain véritablement martelés jusqu’à la fin où il est répété, ne prend tout son sel que par cette lenteur et ce chant un peu décontenançant. Placée en 7e position, ce qui passerait pour la plus bancale des onze chansons se transforme en une des respirations du skeud, qui repart sur une série de 4 tubes pour conclure. Joli. On ne le répètera jamais assez : l’ordre des chansons est important pour apprécier un album complet.

 Question paroles, pas de dépaysement, c’est engagé sans être poussif, c’est même parfois chiadé, dans un registre classique du punk. Un exemple ? Des exemples : on cause dès le départ des États-Unis qui prennent pour leur grade (« Le pays le plus effrayant du monde » / « Världens Räddaste land ») ; de l’urgente nécessité de changer de modèle de société (« Une autre voie » [mais pas la troisième bien évidemment] / « En Anna Väg ») ; à souligner un joli texte sur celui qui prend le pavé (au propre comme au figuré) et monte sur la barricade faute d’avoir changé quoi que ce soit pas la non-violence (« La barricade de la colère » / « Vredens barrikad »), le tout avec amertume et constat d’échec (« Il va jeter loin / Aussi loin qu’il le peut / Une pierre pour chaque rêve disparu »). Un ressenti très proche de ce que j’aime en général (j’ai passé l’âge qu’on me dise ce qu’est l’anarchisme et qu’il faut niquer la société).

 Et pis, connectés les papis, si t’as d’l’aïl thune, ils y sont, si t’as des boutons plein la gueule (en angliche : spotifyé), ben eux tout pareil. En gros, tu les trouves sur à peu près toutes les plateformes (comme les chaussures) existantes. Du coup, tu t’poses les questions du DIY, du no-profit et tout et tout... écoute, franchement j’me pose les même, mais visiblement ils font tout avec leurs mains plein d’doigts. P’t’êt’e qu’ils se donnent les moyens d’exister pour le plus grand nombre. Je leur laisse volontiers le bénéfice du doute.

En écoute pour se faire une chtite idée des accents les plus mélodiques de la bête : En annan Väg.

[Et avec ça ? Qu’est-ce qu’on boit ? Une Pilsner Urquell. Pour son classicisme et sa légèreté indémodables et tant imités.]


Site ouaibe : Astakask (commande de leur skeud possible directement)
Pour tous les autres qui aiment la musique en virtuel, je vous laisse chercher et trainer sur les plates-formes de téléchargement ou d’écoute en ligne.